Christophe Lepetit s’est dit incapable de chiffrer les conséquences financières d’une éventuelle annulation pour Tokyo, mais la note serait vraisemblablement salée. « Le report de 2020 à 2021 a coûté très cher. J’ai vu passer des chiffres, autour de 3 milliards de dollars. Pour le report, il faut financer un an de plus la structure organisatrice, indemniser les promoteurs pour les livraisons retardées des programmes prévus en période post-competition (bureaux, logements…)… En revanche, il y a aussi un décalage de revenus au moment des Jeux », indique l’expert.

En cas d’annulation pure et simple, « vous devez rembourser tout un tas de parties prenantes : les diffuseurs, les top-partenaires qui ne peuvent pas bénéficier de leurs droits pendant la période des Jeux, les partenaires, tous les billets… C’est aussi un peu tout le modèle économique du Comité international olympique (CIO) qui est remis en cause en cas d’annulation. Ça fait peser des incertitudes sur tous les programmes de solidarité olympique. Le CIO, grâce aux revenus de cette grande messe du sport, en finance de très nombreux sur l’ensemble de la planète. Beaucoup d’institutions vivent grâce aux subsides du CIO. Sur le cycle 2017-2020, plus de 500 millions de dollars (460 millions d’euros) sont reversés à différents acteurs (fédérations, comités olympiques, athlètes…). C’est moins une catastrophe pour le CIO qui a une réserve grâce aux Jeux précédents et a mis en place un mécanisme d’assurances », souligne l’économiste.

Selon lui, « ça peut amener des difficultés pour les athlètes, notamment ceux qui bénéficient de bourses pour se préparer et participer à l’évènement tant attendu. Le ruissellement de richesses est tellement important normalement que l’interruption brutale peut occasionner des difficultés pour les bénéficiaires. Dans beaucoup de sports, les Jeux, c’est le moment d’une carrière, d’une vie, celui sur lequel l’athlète va construire son modèle économique. Ne pas les disputer, ça revient à ne pas pouvoir s’exposer, à le priver de contrat, de sponsors et donc de pouvoir vivre décemment ».